VJ : Musicalité de l’image numérique

Alors qu’EM15 est bel et bien fini, je ne peux m’empêcher de jeter un regard en arrière. Sans repasser à travers ce festival qui a été un réel succès, le volet visuel reste ce qui m’a le plus impressionnée. Cette illumination m’est venue lors de Metropolis 2, l’une des nombreuses soirées concoctées pour notre sensibilité d’amateurs de musiques électroniques. Les performances multimédias servant de support aux DJs se sont révélées à mes yeux, une performance entière.
L’artiste visuel n’est plus ce qu’il était. Ancré dans son époque et soumis aux évolutions technologiques qui vont en grandissant, celui-ci s’est décliné en plusieurs grandes écoles, mais l’essentiel reste qu’on assiste à de la manipulation de l’image en synchronisation avec la musique, en temps réel ou non. Être VJ, c’est être un musicien de l’image.
Le VJ Montréalais Diagraf m’a éblouie. Son langage visuel accompagnait les DJ’s Voice from the lake et Max Cooper, s’adaptant à leur monde musical, écrivant une histoire unique pour chacun d’entre eux. On sent les influences du cinéma dans les créations de Patrick Trudeau dont les effets ambiants suivent un fil précis et narrant. Je retrouve une certaine poésie dans ce traitement de l’image déconstruite et réinventée pour produire un sens plus ou moins désiré. Coup de cœur pour son accompagnement aux sonorités de Max Cooper.
Le VJ Jason Corder est un artiste et musicien qui nous vient de Denver. Son style ancré dans l’abstraction est une invitation à entrer dans un univers imagé et touchant . Aussi musicien, on relève tout de suite l’influence du monde naturel dans ses créations musicales et ses vidéos. Je dirais qu’il est encore plus porté à créer une atmosphère que Diagraf. Sa prestation live lors de A/visions 2 était une belle preuve de complémentarité avec la richesse de l’album Re : ECM des berlinois Ricardo Villalobos et Max Loderbauer : mélange de plusieurs genres musicaux dont le jazz sur une base électroacoustique et électronique.
L’artiste visuel est un joueur enfantin et inventif, puisant dans toutes les créations possibles pour nous donner ce langage conceptuel qui tend légèrement au rêve. J’aurais pu me mettre mes mains sur les oreilles, je serais en mesure d’entendre la musique. De la voir, dans ce cas-ci. L’image numérique est un élément vivant et vibrant sous le contrôle d’une imagination fertile et c’est juste beau!