Fracture numérique chez les jeunes Québécois – Nouvelle étude dévoilée
Montréal, 25 mai 2020 – La pandémie de la COVID-19 amène des milliers de jeunes à recevoir leur éducation à distance, mais aussi à s’adapter à de nouveaux environnements de télétravail. C’est dans ce contexte, où plus que jamais la question de l’équité numérique se pose, que le Printemps numérique (PN) dévoile la recherche : «Cultures et inégalités numériques. Usages numériques des jeunes au Québec».
« La crise actuelle accélère la transformation numérique de l’éducation et met en relief les inégalités. Avec le confinement, nous constatons une grande variation de l’utilisation du numérique, autant au niveau des infrastructures, du matériel et des compétences. Notre étude brosse un portrait spécifique des usages numériques des jeunes. Cibler les enjeux nous permettra d’agir efficacement », souligne Mehdi Benboubakeur, directeur général du Printemps numérique.
Durant plusieurs mois, l’organisation a déployé des événements en direction des jeunes dans six régions administratives du Québec : Montréal, Abitibi-Témiscamingue, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Capitale-Nationale, Mauricie et Estrie. Ces événements : Cafés numériques et CODE Avenir ont permis d’aller à la rencontre de 1800 jeunes de 14 à 29 ans pour leur faire découvrir les nouvelles technologies. C’est à l’occasion de ces rencontres que l’enquête sociologique a pu être réalisée.
Dans un contexte de transformation numérique, il faut être vigilant face aux fossés qui peuvent se creuser et qui risqueraient d’exclure une partie de la population du développement futur, social, économique et culturel de notre société.
FAITS SAILLANTS
Équipements numériques
- 4,4% des jeunes ne possèdent aucun de ces équipements numériques : téléphone intelligent, ordinateur portable et de bureau, console de jeux, tablette, montre intelligente ;
- 83% des filles et 72% des garçons ont un téléphone cellulaire ;
- Un jeune sur deux a un ordinateur portable ;
- 35% des garçons et 14% des filles ont un ordinateur de bureau ;
- 62% des garçons et 27% des filles ont une console de jeux vidéo ;
- 11% des garçons et 6% des filles ont une montre intelligente ;
- Plus le niveau d’étude des parents est élevé, plus les jeunes possèdent des équipements numériques.
Réseaux socionumériques (RSN)
- 80% de jeunes utilisent le Web pour se divertir, 50% pour se former, 36% pour créer, 24% pour réseauter ;
- 61% des garçons et 48% des filles utilisent les réseaux sociaux de façon anonyme pour certains comptes ;
- Plus de 70% des jeunes savent utiliser les paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux ;
- 60% des filles et 40% des garçons utilisent Instagram ;
- 57% des filles et 37% des garçons utilisent Snapchat ;
- La plupart des jeunes témoignent avoir vécu des expériences négatives sur les réseaux socionumériques, et donc d’être exposés à une vulnérabilité numérique.
Formation/atelier numérique
- Les jeunes disent être souvent autodidactes en termes d’apprentissage numérique et apprendre davantage sur Internet ;
- La plupart déplorent le manque de cours pratiques à l’école ;
- Les garçons ont davantage de motivation à développer leurs compétences numériques techniques tandis que les filles sont plus nombreuses à vouloir développer leurs compétences numériques créatives ;
- 44% des garçons et 16% des filles ont suivi une formation en programmation ;
- En région, peu de jeunes sont capables de nommer des organismes ressources en médiation numérique et ont peu l’occasion d’expérimenter les nouvelles technologies.
QUELQUES RECOMMANDATIONS
- L’éducation au numérique doit commencer dès le plus jeune âge et s’appliquer à enrayer la formation de clivages numériques genrés, de biais inconscients, apparaissant souvent dès la préadolescence ;
- Rendre les offres d’enseignement en littératie numérique accessibles et s’assurer de l’accès aux populations les plus vulnérables, ainsi que des régions ;
- Démystifier le numérique par des activités pédagogiques ludiques, créatives, inclusives ;
- Former les jeunes à user d’un esprit critique pour lutter contre la vulnérabilité numérique (ex. cyberintimidation) et les impacts sociaux des technologies et du numérique (ex. cyberaddiction) ;
- Former les jeunes à user de créativité dans leur apprentissage numérique ;
- Les ateliers de médiation numérique pour les jeunes sont surtout concentrés à Montréal et à Québec, il faut multiplier de telles initiatives en région.
À propos de la recherche
La présente étude a été menée par la sociologue Amina Yagoubi Ph.D en collaboration avec la Chaire de recherche du Canada sur l’équité numérique en éducation (UQAM) : «Cultures et inégalités numériques. Usages numériques des jeunes au Québec». Cette recherche, appuyée par Mitacs (programme accélération), est réalisée dans le cadre du projet Jeunesse QC 2030 soutenu par le Secrétariat à la jeunesse du Québec (SAJ). Le document a été mis en page par des étudiants du Collège Rosemont dans le cadre de leur cours: Techniques de bureautique, microédition et hypermédia (TBU).
À propos de Jeunesse QC 2030
Le projet Jeunesse QC 2030, soutenu par le Secrétariat à la jeunesse du Québec, a pour vocation de contribuer à établir une égalité de chances chez les jeunes en soutenant le développement de compétences en littératie numérique, et ainsi réduire la fracture numérique constatée entre différents types de populations. Ce projet est réalisé en collaboration avec l’UQAM, MITACS, Zorabots, Commission de l’éthique en science et en technologie, Le Curieux et Hydro-Québec.
À propos du Printemps numérique
Le Printemps numérique (PN) est un organisme à but non lucratif dont la mission première est de démocratiser et d’accompagner la transformation numérique, à travers diverses activités de production d’événements, de communication, de maillage, de consultation et de médiation, comprenant un volet grand public, un volet professionnel et un volet jeunesse.
À propos de l'auteur
Mehdi Benboubakeur
Stratège en intelligence et transformation numérique, communicateur, cinéaste, photographe et directeur général du Printemps numérique.