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18 avril 2016

Vanessa Pilon, la créative

Vanessa Pilon, la créative

On la connait comme animatrice, pourtant Vanessa Pilon a plusieurs cordes à son arc. Danseuse de formation, elle est avant tout une grande consommatrice de culture, toujours à l’affût de l’avant-garde. L’ambassadrice du Printemps numérique nous livre sa vision de la créativité numérique.

Pour toi, qu’est-ce que la créativité numérique?

L’utilisation des nouvelles technologies n’est pas une fin en soi, mais un moyen : le numérique est donc un fantastique et puissant outil au service de la créativité. Grâce aux possibilités quasi infinies qui se déploient devant nous, on arrive présentement à s’affranchir des codes, à brouiller les frontières entre les différentes disciplines, et à constamment renouveler l’émerveillement.

Puisque l’évolution technologique est extrêmement rapide, la créativité numérique, par définition, est donc en constante mouvance. On ne peut qu’être continuellement surpris! Impossible de devenir blasé.

Un pan de la créativité numérique qui t’allume?

Étant une grande fan d’art visuel, j’apprécie particulièrement, en ce moment, la façon dont certaines créations numériques arrivent à se tailler une place et à assurer leur pérennité dans ce marché, même si elles existent sur des supports qui deviendront rapidement obsolètes.

Par exemple,  Ed Fornieles, qui s’amuse avec l’espace fictif des réseaux sociaux, ou Cory Arcangel, qui cristallise et interroge l’obsolescence accélérée des technologies, des tendances, de notre culture. Leurs œuvres sont exposées dans des musées et des galeries, et certains collectionneurs en acquièrent, au même titre qu’ils achètent des toiles. Ça m’amuse de penser qu’il faudra un jour «rebooter» les télés sur lesquelles vivent leurs œuvres!

Ta techno préférée?

Ce qui m’excite le plus, présentement, c’est la réalité augmentée. J’ai bien l’impression que nous touchons la pointe d’un iceberg, qui va révolutionner nos perceptions et notre interaction avec notre environnement.

Le numérique fait tellement partie de notre quotidien sans même qu’on s’en rende compte! Et c’est plus intuitif que jamais. On a seulement besoin de notre sensibilité humaine, et de notre curiosité, pour les apprécier! C’est universel.

Tu as collaboré à l’œuvre numérique Y2o actuellement à l’Arsenal?

Il s’agit d’un projet avec Dominique Skoltz, (artiste médiatique, photographe et réalisatrice), dans lequel je danse… sous l’eau. Y2o c’est un objet un peu inclassable, qui allie danse et cinématographie. Nous avons tourné une série de séquences sous l’eau, dans une cuve de cinéma. Le résultat est un espèce de huis clos amoureux, prenant place dans un espace-temps suspendu, où on y explore l’intimité, et les différentes phases d’une relation, le tout sur une musique d’Emilie Bernard. L’œuvre est présentement déclinée en tableaux, que le visiteur peut contempler, muni d’un casque d’écoute. Ce n’est que tout récemment, que j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une œuvre numérique ! 😉

Vanessa Pilon, quelle facette de la créativité montréalaise t’impressionne le plus?

J’admire beaucoup notre capacité à toucher les cordes sensibles universelles. C’est probablement ce qui explique notre positionnement sur la scène internationale. Je crois que si les créateurs d’ici rayonnent autant à l’étranger, c’est parce que nous arrivons à surprendre avec une inventivité hors du commun, laquelle est conjuguée à une approche qui résonne globalement.  Nous pouvons tellement être fiers de ce qu’accomplissent actuellement Moment Factory, Felix & Paul, Ubisoft, pour ne nommer que ceux-ci.

Tes chouchous du Printemps numérique?

Vanessa Pilon, ambassadrice du Printemps numérique
Vanessa Pilon, ambassadrice du Printemps numérique

J’ai toujours apprécié la programmation de Mutek, qui offre vraiment une vitrine sur ce qui se passe sur la scène de la musique électronique internationale. J’aime aussi toujours ce que propose Chromatic ; j’ai vraiment hâte d’y assister! Au niveau des découvertes, je suis vraiment intriguée par les performances qui seront offertes à l’Espace Libre. Et, pour la famille, je ne peux passer à côté d’Aurorae, présenté au Planétarium. C’est vraiment rassembleur! Oh, et si vous n’avez pas encore expérimenté la réalité virtuelle, c’est le temps! Des casques sont mis à la disposition, gratuitement, au Centre Phi.

Tu es une as des réseaux sociaux : force de communication avec tes fans, plaisir coupable ou loisir?

Pour être bien honnête, les réseaux sociaux prennent beaucoup de temps dans ma vie! Parfois, je sens que ce n’est qu’un mal nécessaire, et j’aimerais disparaître de la carte, mais ce serait hypocrite de dire que je n’en retire pas un certain plaisir. Aussi, c’est effectivement une immense force de communication pour rejoindre son public, et, bien utilisés, ils peuvent vraiment faire bouger les choses. Ils ont démocratisé la production médiatique, ont bousculé nos rapports… Ils me fascinent et m’emballent, mais, en même temps, je crois qu’il faut réfléchir l’usage qu’on en fait, collectivement, et individuellement. J’ai, il y a six mois, désactivé toute notification. Ça me permet de choisir le moment, plutôt que d’avoir les réseaux qui s’imposent dans ma vie, à tout moment. C’est un petit geste, mais ça a fait toute la différence !

 

Tu adores la mode, selon toi, quelle place a ou aura le numérique dans cette discipline?

J’ose espérer, que l’on assiste tranquillement, à une révolution, en mode. Tout d’abord, j’estime que nous dirigeons vers la fin de l’ère du jetable et du fast fashion. Les coûts environnementaux et sociaux sont trop grands. Ainsi, nous en sommes à repenser le vêtement, à le rendre plus intelligent, plus durable. Je pense que, très bientôt, plutôt que d’acheter 12 robes par année, nous pourrons en acheter qu’une seule, et lui télécharger des motifs au gré de notre humeur, comme le propose la marque CuteCircuit. Déjà, le numérique apporte des possibilités immenses, que s’approprient plusieurs créateurs : Près de chez nous, il y a l’incontournable Ying Gao, qui crée des pièces de vêtements interactives fascinantes. Je suis aussi, et tout autant impressionnée par les robes imprimées en 3D d’Alexander McQueen. Avec les fibres intelligentes, ainsi que l’impression 3D, je pense qu’on ouvre la porte à ce que l’on devienne, éventuellement, les créateurs de nos propres vêtements, personnalisables à l’infini. Pour ceux qui, comme moi, aime jouer avec la mode, c’est un immense terrain de jeu qui est en train de se déployer sous nos pieds !

N’ayant pas froid aux yeux, Vanessa Pilon participe au Défi têtes rasées de Leucan. C’est le temps de l’encourager!

À propos de l'auteur

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Fadwa Lapierre